Accéder au contenu principal

Frère Animal - Second Tour

Aujourd'hui, certains iront voter en signant une charte et en donnant deux euros. Tout le monde devrait pouvoir voter gratuitement, sans être lié à un quelconque contrat moral. La démocratie, ce n'est pas ça. Ce n'est pas un choix unique entre deux partis depuis des décennies. Deux partis, deux machines électorales et médiatiques, qui tournent de plus en plus à vide et participent à broyer des millions d'êtres humains, les laissant dans une extrême pauvreté. La gauche, la droite, comme deux gifles qu'on nous inflige à tour de rôle. A croire qu'on aime ça. "Faudrait pouvoir se barrer, leur balancer un pavé. Vois comme on nous prend de haut, comme on se sent de trop". Le deuxième volet de Frère Animal, le roman pop écrit et composé par Arnaud Catherine et Florent Marchet commence comme ça. Comme un terrible constat de l'échec de nos "démocraties", qui, à force de diviser et créer des inégalités a engendré plus ou moins consciemment la montée des extrémismes et des replis identitaires. Ce disque est ouvertement politique. Il fait suite au premier épisode sorti en 2008 et duquel j'étais un peu passé à côté. Il faut dire que mettre en musique une histoire n'a jamais été chose aisée. Le combat entre musique et littérature se termine souvent par la victoire de l'une sur l'autre. Le premier titre "Vis ma vie" est un hymne en puissance, celui qui marie le mieux le fond et la forme. Après, le narrateur François Morel prend le relais et tout de suite, le fond prédomine, la musique semble accessoire. Il faut plusieurs écoutes pour admettre le contraire et comprendre la pertinence de la démarche.
Dans ce "Second tour" - qui termine à la fin du premier tour des élections présidentielles de 2017 -, les principaux thèmes de la société actuelle sont abordés : l'exclusion, le chômage, la désindustrialisation, la famille, l'homosexualité, l'immigration, le front national (renommé ici intelligemment le bloc national). L'aspect romanesque permet une distance et ainsi d'éviter les clichés, même s'il y a un évident parti pris anti-frontiste - comment pourrait-il en être autrement ? Le décor est planté. Les questions sont posées. Les réponses nous appartiennent. A chacun d'entre nous. Bien vu.

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

James Yorkston, Nina Persson & The Second Hand Orchestra - The Great White Sea Eagle

  Après la parenthèse de l'iguane, revenons à de la douceur avec un nouvel album de l'écossais James Yorkston et son orchestre de seconde main suédois - The Second Hand Orchestra, c'est leur vrai nom - mené par Karl-Jonas Winqvist. Si je n'ai jamais parlé de leur musique ici, c'est sans doute parce qu'elle est trop discrète, pas assez moderne et que leurs albums devaient paraître alors que je donnais la priorité à d'autres sorties plus bruyantes dans tous les sens du terme. Je profite donc de l'accalmie du mois de janvier pour me rattraper. Cette fois-ci, avant de rentrer en studio avec leur orchestre, Yorkston et Winqvist se sont dit qu'il manquait quelque chose aux délicates chansons écrites par l'écossais. Une voix féminine. Et en Suède, quand on parle de douce voix mélodique, on pense évidemment à Nina Persson, l'ex-chanteuse des inoffensifs Cardigans dont on se souvient au moins pour les tubes " Lovefool " et " My favorite

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,

Top albums 2023

2023, fin de la partie. Bonjour 2024 et bonne et heureuse année à toutes et tous ! Je termine cette fois-ci un premier janvier, sur le fil, histoire de bien clôturer l'affaire, sans anticipation. Avant de vous dire qu'il s'annonce plein de bonnes choses musicalement parlant pour la nouvelle année, voici un récapitulatif de l'an dernier en 10 albums. 10 disques choisis le plus subjectivement possible, parce que ce sont ceux qui m'ont le plus emballé, le plus suivi pendant douze mois et qui je pense, me suivront le plus longtemps encore à l'avenir. 10- Young Fathers - Heavy, Heavy Ces jeunes pères de famille inventent une pop futuriste à partir de mixtures de TV On The Radio, Animal Collective ou autre Massive Attack. C'est brillant, novateur, stimulant, mais cela a parfois le défaut de ses qualités : notre cerveau est régulièrement en surchauffe à l'écoute de ces morceaux bien trop denses pour le commun des mortels, incapable de retenir autant de sons, d&