Accéder au contenu principal

Françoise Hardy - L'amitié (1965)

Chère Françoise, 
Vous avez toujours été pour moi une des seules raisons de ne pas vomir sur cette période bénie de mes parents, à savoir les yéyés. 
Vous avez toujours été pour moi une grande dame de la chanson d'ici, aux goûts assurés, aux albums régulièrement sobres et classieux. 
Vous avez toujours été pour moi une des rares fiertés de la pop française, que même les anglo-saxons nous enviaient. Damon Albarn vous a convié sur un des disques de Blur. Bowie, entre autres, était amoureux de vous, etc.
Vous avez toujours été pour moi une des rares personnes à porter aussi bien les cheveux blancs. J'ai pardonné votre extravagante passion pour l'astrologie. J'ai passé outre la musique de votre fils et ses relents de jazz manouche pas très folichons. Vous voyez, j'ai toujours été fidèle. Mais là, votre dernière trouvaille, c'est juste pas possible. Appeler à voter indirectement pour Sarkozy, parce que sinon, vous seriez à la rue, incapable de payer vos traites, de supporter les charges de vos différents logements à Paris, en Corse, et que sais-je, d'autant que vous êtes malade. Je ne peux plus. Où est passée la frêle jeune femme des années 60, apôtre d'un romantisme exacerbé, qui prônait l'amitié sincère et désintéressée ? Actuellement, c'est en million que l'on compte le nombre de personnes vivant en France sous le seuil de pauvreté et vous venez nous parler de vos problèmes de riches avec une certaine indécence. Et l'annonce supplémentaire de votre maladie confine même au voyeurisme.
La musique, encore plus que le cinéma, touche à l'intimité. C'est pourquoi les positions politiques d'un Depardieu par exemple, m'affecte moins. Le rapport avec une chanson, un album est parfois de l'ordre du sacré. En affichant ainsi vos états d'âme de vieille dame bassement matérialiste et "terre-à-terre", vous êtes en train de briser ce lien, cette amitié qui venait pourtant "des nuages"...

Beaucoup de mes amis sont venus des nuages
Avec soleil et pluie comme simples bagages
Ils ont fait la saison des amitiés sincères
La plus belle saison des quatre de la terre

Ils ont cette douceur des plus beaux paysages
Et la fidélité des oiseaux de passage
Dans leurs cœurs est gravée une infinie tendresse
Mais parfois dans leurs yeux se glisse la tristesse
Alors, ils viennent se chauffer chez moi
Et toi aussi tu viendras


Tu pourras repartir au fin fond des nuages
Et de nouveau sourire à bien d'autres visages
Donner autour de toi un peu de ta tendresse
Lorsqu'un autre voudra te cacher sa tristesse

Comme l'on ne sait pas ce que la vie nous donne
Il se peut qu'à mon tour je ne sois plus personne
S'il me reste un ami qui vraiment me comprenne
J'oublierai à la fois mes larmes et mes peines
Alors, peut-être je viendrai chez toi
Chauffer mon cœur à ton bois

Commentaires

  1. Affligeant ! Que Miss Hardy soit de droite plutôt rigide, ça on le savait déjà. Mais passer les bornes de l'indécence avec ses pleurnecheries de "riche-pas-assez-riche", franchement imbuvable !

    De quoi salir son image et détruire pour longtemps l'envie de plonger dans sa mélancolie fânée, pour le coup salement écornée :(

    RépondreSupprimer
  2. très beau merci.

    http://moroccantrolls.co/creationgaleriesragemaker.net/images/Happy/36.png

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

James Yorkston, Nina Persson & The Second Hand Orchestra - The Great White Sea Eagle

  Après la parenthèse de l'iguane, revenons à de la douceur avec un nouvel album de l'écossais James Yorkston et son orchestre de seconde main suédois - The Second Hand Orchestra, c'est leur vrai nom - mené par Karl-Jonas Winqvist. Si je n'ai jamais parlé de leur musique ici, c'est sans doute parce qu'elle est trop discrète, pas assez moderne et que leurs albums devaient paraître alors que je donnais la priorité à d'autres sorties plus bruyantes dans tous les sens du terme. Je profite donc de l'accalmie du mois de janvier pour me rattraper. Cette fois-ci, avant de rentrer en studio avec leur orchestre, Yorkston et Winqvist se sont dit qu'il manquait quelque chose aux délicates chansons écrites par l'écossais. Une voix féminine. Et en Suède, quand on parle de douce voix mélodique, on pense évidemment à Nina Persson, l'ex-chanteuse des inoffensifs Cardigans dont on se souvient au moins pour les tubes " Lovefool " et " My favorite

Lucie

L'autre jour, en lisant l'article intitulé « ça rime à quoi de bloguer ? » sur le très bon blog « Words And Sounds » - que vous devez déjà connaître, mais que je vous recommande au cas où cela ne serait pas le cas - je me disais, mais oui, cette fille a raison : « ça rime à quoi la musique à papa? ». Enfin, non, sa réflexion est plutôt typiquement féminine : trouvons un sens derrière chaque chose ! Nous, les hommes, sommes plus instinctifs, moins réfléchis. C'est sans doute pour ça que dans le landernau (je ne sais pas pourquoi, j'aime bien cette expression, sans doute parce que ça fait breton :-) des « indierockblogueurs », il y a surtout des mecs. Un mec est par contre bizarrement plus maniaque de classements en tout genre, surtout de classements complètement inutiles dans la vie de tous les jours. Pour ceux qui ne me croient pas, relisez donc Nick Hornby. Et je dois dire que je n'échappe pas à la règle, même si j'essaie de me soigner. J'ai, par exemple,

Top albums 2023

2023, fin de la partie. Bonjour 2024 et bonne et heureuse année à toutes et tous ! Je termine cette fois-ci un premier janvier, sur le fil, histoire de bien clôturer l'affaire, sans anticipation. Avant de vous dire qu'il s'annonce plein de bonnes choses musicalement parlant pour la nouvelle année, voici un récapitulatif de l'an dernier en 10 albums. 10 disques choisis le plus subjectivement possible, parce que ce sont ceux qui m'ont le plus emballé, le plus suivi pendant douze mois et qui je pense, me suivront le plus longtemps encore à l'avenir. 10- Young Fathers - Heavy, Heavy Ces jeunes pères de famille inventent une pop futuriste à partir de mixtures de TV On The Radio, Animal Collective ou autre Massive Attack. C'est brillant, novateur, stimulant, mais cela a parfois le défaut de ses qualités : notre cerveau est régulièrement en surchauffe à l'écoute de ces morceaux bien trop denses pour le commun des mortels, incapable de retenir autant de sons, d&