Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du octobre, 2011

Pink Floyd - See Emily Play (1967)

Réduire la carrière des Pink Floyd à une simple chanson, aussi brillante fut-elle, est évidemment sévère. Mais je dois confesser ici ne pas apprécier plus que ça la musique du groupe, ce qu'on appelle le rock progressif  a même plutôt tendance à m'ennuyer. Après le départ de leur premier leader, l'indomptable Syd Barrett, la formation anglaise  partira dans un délire sonore plus contrôlé, cherchant constamment à démontrer leurs techniques irréprochables. Je laisse volontiers ce genre de musique, s'affiliant bien souvent à de la pure technicité, aux ex-soixante-huitards pour lesquels le Floyd a constitué la bande son de leur adolescence (droguée ?). Au mythique " The Dark Side Of The Moon ", considéré comme leur chef d'oeuvre et qui a longtemps servi de cobaye aux démonstrateurs hi-fi afin de prouver la qualité sonore de leurs produits, je préfère le premier, l'hallucinant et halluciné (et hallucinogène?) " The Piper At The Gates Of Dawn ", oe

Bertrand Betsch - Le temps qu'il faut

Si, à Dunkerque, il y avait déjà "Petch" et "Metch", dans la chanson française, il y a depuis quelques années, un dénommé Betsch. Et ce nouveau disque " Le temps qu'il faut " après plusieurs années d'absence, nous prouve qu'il faudra compter avec un autre Bertrand . Pour la musique, on pense surtout à Florent Marchet, en particulier à son dernier " Courchevel " et parfois même à Raphaël (oui, oui), mais sans la voix harassante de jeune premier. Concernant le chanteur, j'en étais resté à l'efficace " Pas de bras, pas de chocolat " sorti en 2004. J'avais loupé " La chaleur humaine ". Depuis, plus rien. Une extinction de voix qui a failli condamner la carrière de Betsch. " Le temps qu'il faut " porte donc bien son nom, car l'auteur a eu le temps de peaufiner son oeuvre, avec l'aide de sa compagne, la plasticienne Nathalie Guilmot, qui vient pousser la chansonnette pour quelques jolis

Yann Tiersen - Skyline

A l'instar d'un autre Brestois, Miossec, j'ai délaissé la carrière de Yann Tiersen depuis un moment. Peut-être que leurs albums me correspondaient moins. Peut-être que je ne les ai pas assez bien écoutés. N'empêche, je ne retrouvais plus ce que j'y avais aimé. Le précédent de Yann Tiersen déjà était différent. " Dust Lane ", sous l'influence d'un Miossec - passion commune pour My Bloody Valentine ? - avec qui il avait d'ailleurs travaillé entre temps, voyait le passage du compositeur à la ferveur des guitares électriques. Finies les petites mélodies désuettes à l'accordéon, Tiersen y développait un gros mur du son et laissait ainsi sur le bord du chemin, la plupart de ses fans venus à lui par le biais d'Amélie Poulain. Pari risqué. Et rebelote, cette fois-ci, avec un son plus arrondi et moins de bruit tout de même. " Skyline " n'est par instant pas loin de tutoyer les étoiles, déployant avec minutie et de manière progressi

Spiritualized - Ladies And Gentlemen We Are Floating In Space (1997)

C'est la pochette de l'album du même nom que vous voyez ci-contre, et pourtant c'est bien de la chanson dont je vais vous parler. La première de l'album culte - un nouveau est attendu avant le printemps prochain... - de Spiritualized, grand manifeste de pop psychédélique et cramée, vaste fourre-tout un brin mégalo et épuisant, oeuvre "ultime" de son leader Jason Pierce, composée paraît-il suite au départ de sa belle, partie dans les bras de la concurrence plus consensuelle en la personne de Richard Ashcroft. 10/10 chez Pitchfork, album de l'année au NME devant l'indépassable " OK Computer " de qui vous savez. Pourtant, quand je l'ai entre les mains et qu'il bascule ensuite dans le lecteur CD de ma chaine hi-fi, je m'arrête bien souvent juste après ce morceau. Parce que c'est le plus pur, le moins "m'as-tu vu", celui où la mélodie se suffit à elle-même. Pas étonnant que la chanson ait été reprise sur la bande orig

Camille - Ilo Veyou

J'étais pour l'instant resté allergique à l'univers atypique de la chanteuse Camille. A l'instar de ce qu'est devenue Björk, je la trouvais trop prétentieuse et sa musique ennuyeuse. Je ne comprenais pas son succès critique et commercial. Et ce n'est sûrement pas le titre de son nouveau disque, " Ilo Veyou ", anagramme tarabiscoté de "I Love You", qui allait changer la donne. Pourtant, dès la première écoute, il est difficile de ne pas être impressionné par le résultat, tellement sa musique semble impossible à résumer, tellement les styles abordés sont multiples, tellement la voix même de Camille est presque méconnaissable d'une chanson à l'autre. C'est parfois drôle, parfois politique, mais toujours inventif. Cette femme est un vrai caméléon et on sent qu'elle n'a pas de limite. Une chanson comme " La France " résume à elle seule son talent iconoclaste. Elle y critique la culture à la française qui n'est, se

Real Estate - Days

Encore une belle année musicale chez Domino Records avec la révélation Anna Calvi , les toujours sexys et sémillants The Kills et les brillantes confirmations de Wild Beast s et de Real Estate. Ces derniers viennent de sortir leur deuxième disque, " Days " et plus qu'une confirmation, c'est une véritable bénédiction à laquelle on assiste ici. Les américains orginaires du New Jersey se retrouvent directement propulsés par la grâce de titres aussi élégants que " Out Of Tune ", " Easy " ou " It's Real " dans la catégorie des meilleurs groupes du genre (le folk-rock champêtre?), suivant les traces encore fraîches laissées par les Feelies . Le guitariste Matt Mondanile, après l'intermède Ducktails , serait le pendant ensoleillé de Bradford Cox, la musique de Real Estate l'équivalent de celle de Deerhunter en plus ouverte, plus aérée. Car " Day s" n'est pas vraiment un disque de saison, c'est plutôt un alb

Outkast - Hey Ya ! (2003)

Le NME, équivalent anglais des Inrockuptibles mais exclusivement centré sur la musique, est décidément adepte des classements en tous genres, à croire que, depuis Nick Hornby et son livre culte " High Fidelity ", le phénomène est surtout une tare britannique. Le dernier en date est un top des 150 meilleures chansons des 15 dernières années . Pourquoi ? Il y a une toujours une bonne occasion et cette fois-ci, c'est pour le 15ème anniversaire de leur site internet NME.com.  Pas beaucoup de surprises à signaler quand on connaît déjà les goûts du magazine : 1er Radiohead, 2ème Arcade Fire et 3ème Outkast et leur multi-platiné " Hey Ya! ". Un tube ultra entendu (trop?) dont le gimmick est même devenu une des sonneries de téléphone portable les plus téléchargées. Pourquoi en parler alors ? Parce que pour une fois, un groupe de rap ou tout du moins assimilé réussit l'exploit de faire une unanimité quasi générale, même chez les amateurs de rock. Je ne pense avoir pa

Maison Neuve - Joan

Il aura fallu un tour par l'indispensable laboratoire des Inrocks (anciennement CQFD) puis de l'appui de l'excellent label bordelais, Talitres , pour que le groupe Maison Neuve réussisse enfin à sortir un premier disque. Talitres, c'est souvent synonyme de folk, mais de folk lumineux, puissamment mélodique, comme chez Flotation Toy Warning ou The Apartments et ces français se situent idéalement dans cette lignée là. " Joan " est un disque paisible, agréable, même si le propos, notamment sur les deux titres chantés en français, y est assez sombre (" nos fils sont magnifiques et moi, je vais les noyer "). En tout cas, le départ des régionaux François And The Atlas Mountains, partis conquérir le grand public sur Domino Records, ne semble pas avoir pesé outre mesure sur la santé de Talitres. Stranded Horse fait désormais des tournées internationales et commence à acquérir une certaine renommée. On attend aussi avec impatience un nouvel album des anglais

Future Islands - On The Water

Encore un groupe que je découvre avec pas mal de retard. " On The Water " est déjà le troisième album des américains de Future Islands. Mais depuis le jour où j'ai jeté une oreille sur le premier extrait de ce nouveau disque, le génial " Before The Bridge ", il m'était impossible de ne pas en parler ici même. " On The Water " est ainsi rapidement devenu mon disque le plus attendu de la rentrée. Après plusieurs écoutes répétées et comme souvent quand l'attente est trop forte, un constat s'impose : la déception. Je ne retrouve pas dans le reste de l'album, le même mélange d'énergie, de fraîcheur et d'originalité. Il y a bien quelques titres efficaces, comme le deuxième single, le très new-orderien " Balance ", mais aussi d'autres plus mollassons. Bref, un disque au final mi-figue, mi-raisin, quelque part entre les Wild Beasts pour la voix assez maniérée et John Maus (qu'on a au passage hâte de voir avec maman fi

Jean-Louis Murat - Le Lien Défait (1991)

C'était un autre temps, celui où Jean-Louis Murat ne sillonnait pas encore les plateaux télé avec son franc-parler, son esprit bourru d'indécrottable Auvergnat mais aussi sa sensibilité à fleur de peau, si atypiques et "vendeurs" pour les médias parisiens. Non, il venait à peine de se faire un nom, tout d'abord avec un premier album, " Cheyenne Autumn " délicat et sensuel et surtout grâce à un duo avec la très populaire Mylène Farmer. Dans la foulée, était sorti ce qui reste sans doute pour moi comme son meilleur disque, le plus abouti, " Manteau de Pluie ", dont est extraite cette superbe chanson, " Le Lien Défait ". Le titre a d'ailleurs été repris par un fan, comme site non officiel du chanteur. Un signe. C'était encore le temps du synthétiseur, la new wave ayant fait son effet. Depuis 1999 et " Mustango ", album charnière dans sa carrière, Murat a basculé dans un folk rural à la française, devenant une sorte de

Connan Mockasin - Forever Dolphin Love

Cela fait déjà un moment que ce disque me trotte dans la tête. " Forever Dolphin Love " n'est pas un album qui s'apprivoise facilement. Il constitue sans aucun doute un des ovnis musicaux de l'année. Connan Mockasin est néo-zélandais et son univers est pour le moins atypique. Son concert aux Transmusicales de Rennes de l'année dernière a semble-t-il marqué les esprits. Depuis lorsqu'il s'agit de parler de sons nouveaux, son nom est régulièrement avancé. Il faut dire que le loustic ne s'embarrasse pas de facilité et n'a cure du qu'en-dira-t-on, " Forever Dolphin Love ", un des singles extraits de son album est un morceau de plus de dix minutes dans lequel il faut attendre près de la moitié pour y entendre un semblant de mélodie. On pense un peu, comme pour ses compatriotes de Unknown Mortal Orchestra, au Pink Floyd de Syd Barrett pour le psychédélisme emprunt de jazz, au dernier MGMT aussi pour la pop bariolée, mais rien qui n'

Hanni El Khatib - Will The Guns Come Out

Après une petite accalmie, retour sur les disques de 2011, avec du rock, du pur. Contrairement à ce que son ancien métier - il était styliste - pourrait nous faire croire, l'américain Hanni El Khatib, d'origine moitié palestinienne moitié philippine, ne fait pas vraiment dans la dentelle. A l'image de sa pochette, ce premier album " Will The Guns Come Out " est un carambolage de punk, rock garage, blues sauvage avec tout de même une pointe de soul. Un retour à l'essence de cette musique-là. Des White Stripes en plus sale, des Kills en moins glamour, Dirty Beaches en plus violent, mais un même son vintage. Un truc primaire, primitif, un peu crâneur, qui vient même quelque fois marcher sur les plates bandes d'un Tom Waits (" Heartbreak Hotel ") ou d'un Devendra Banhart (" Wait Wait Wait "). Un disque qui fait du bien quand un besoin de défoulement (et de simplicité) se fait sentir.  Reste à voir ce que cette petite bombe peut bien don

The Undertones - Teenage Kicks (1978)

L'événement rock du moment est la réédition du mythique " Nevermind " de Nirvana pour les vingts ans de sa parution. Même si ce dernier a davantage marqué ma jeunesse, j'ai plutôt envie de revenir sur un autre disque, plus ancien et moins célèbre. Et pourtant... Plus encore que " Smells Like Teen Spirit " (je persiste à croire que le groupe de Cobain reste très surestimé..), le " Teenage Kicks " des modestes Irlandais de The Undertones demeure une des plus belles chansons rock parlant de l'adolescence. Un "tube" que John Peel, le "Bernard Lenoir" anglais considérait comme sa chanson préférée de l'histoire, rien de moins. Un titre d'une évidence rare, qui marque, dès sa première écoute. C'est la première chanson écrite par le tandem Sharkey/O'Neill, l'un des meilleurs qu'aient engendré l'Irlande du Nord, il y en aura bien d'autres ensuite, tout aussi excellentes, notamment sur leur premier albu